Les banques centrales et les responsables politiques prennent des mesures inédites

27 mars 2020

Auteur: Giel Maris, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

La propagation du coronavirus a un impact global qui a mené l’économie mondiale à une paralysie progressive. Par l’instauration de mesures de confinement, et de la fermeture des frontières et des entreprises non essentielles, les autorités tentent de reporter le plus loin possible le pic de la contamination afin de soulager au maximum le système des soins de santé. Mais une économie à l’arrêt apporte son lot de conséquences qui doivent être gérées à la fois du point de vue monétaire et du point de vue budgétaire et fiscal. La semaine dernière d’importantes mesures ont déjà été annoncées. Cette semaine des dispositions supplémentaires de soutien ont été ajoutées. Elles contribuent à la stabilisation des économies et des marchés.

Jérôme Powell, président de la Réserve Fédérale (banque centrale américaine)

Jérôme Powell, président de la Réserve Fédérale (banque centrale américaine)

Des moyens supplémentaires sont mis en action dans le monde entier

La Réserve Fédérale (banque centrale américaine) a déjà annoncé une série de mesures la semaine dernière pour stabiliser les marchés financiers. Cette semaine, elle a pris la décision de mettre à disposition un montant illimité de liquidités. Il s’agit du plus grand plan de soutien de l’histoire. Les marchés d’actions ont connu peu après l’un de leurs meilleurs jours jamais observés. Par ailleurs, cette mesure permet de soulager la pression sur les marchés obligataires. Ils étaient en effet fortement perturbés par le manque de liquidités. En effet, grâce à ses programmes de rachats, la FED soutiendra de manière durable le marché du crédit. Cela peut faire la différence et aidera les entreprises à gérer cette période difficile.

Le gouvernement américain met également tout en œuvre pour limiter les dégâts sur le plan économique. Les Républicains et les Démocrates ont trouvé un accord pour prévoir un plan de soutien de 2 000 milliards de dollars pour l’économie américaine, dans le but de soutenir les employés et les entreprises en ces temps troublés. Cet argent sera entre autres consacré à l’aide aux hôpitaux et à la protection des PME et de leur personnel. 

En Europe également, les autorités prennent des mesures considérables. En Belgique, par exemple, le gouvernement offre son soutien aux PME obligées de fermer leurs portes. Les employés sont aussi protégés par une intervention financière en cas de chômage partiel. 

Comment s’en sortent la Chine et l’Italie ?

Les marchés financiers suivent de très près l’évolution du virus en Chine et en Italie. Les premiers signaux positifs sont venus de Chine. Des entreprises chinoises de premier plan voient enfin la lumière au bout du tunnel. Ce mardi les autorités chinoises ont annoncé qu’elles vont supprimer progressivement les mesures massives de quarantaine dans la province de Hubei. Cette mesure suit de près l’annonce faite par la province le 19 mars qu’aucune nouvelle infection n’avait été enregistrée.

L’Italie est sans conteste le pays le plus touché en Europe. Les scientifiques en sont toujours à rechercher où la contamination a débuté. Une « bombe biologique » a sans doute explosé le 19 février, lors du match de Champions League entre l’Atalanta Bergame et Valence dans le stade de Milan. C’était une soirée historique, lors de laquelle pour la première fois de son histoire le club d’Atalanta a remporté un match en élimination directe dans la Ligue des Champions sur le score de 4 buts à 1. Après cette victoire, les 40 000 supporters présents ont sans doute contribué à la propagation rapide du virus.

Le nombre de nouveaux cas en Italie semble légèrement décroître. C’est un signe d’espoir pour le reste de l’Europe.

Nouveaux cas en Italie. Source: Worldometers.info

Nouveaux cas en Italie. Source: Worldometers.info

Quelles mesures avons-nous prises dans nos fonds essentiels

Au vu de l’incertitude persistante et des fortes fluctuations sur les marchés financiers, nous restons prudemment positionnés. Les mesures de stimulus fiscal et monétaire sont cependant un point positif et nous les considérons comme une étape essentielle pour soutenir l’économie. Pour cette raison, la pondération en actions a été relevée par rapport à la semaine précédente.

Dans le portefeuille d’actions nous restons concentrés sur les thèmes de long terme comme la robotique, les soins de santé, la sécurité et la technologie financière. 

Le secteur des soins de santé est essentiel pour le futur. L’actuelle pandémie souligne l’importance des entreprises qui développent les tests, les appareils médicaux et les vaccins nécessaires.

Les entreprises productrices de biens éprouvent des difficultés durant cette crise à cause de la nécessité de l’intervention humaine. Cela peut engendrer à terme une accélération des investissements en robotique.

La numérisation dans de nombreuses entreprises est une tendance qui s’accélère encore suite à la pandémie. La sécurité autour de ces activités numériques doit être assurée. Le thème de la sécurité se concentre dans le fonds sur la protection des données locales, du cloud et des activités en ligne. La pondération dans ce thème a été fortement renforcée en mars.

Nous continuons entretemps à éviter les secteurs les plus touchés, et nous n’avons pratiquement aucune exposition à l’industrie du tourisme, des énergies fossiles et des banques traditionnelles.

Nous maintenons nos positions en actions chinoises. En Chine, le virus est déjà sous contrôle et il est possible là-bas, grâce à l’appui des autorités, de travailler au redressement de l’économie. Malgré l’annonce des mesures de confinement, nous restons investis en actions indiennes en raison de leur moindre dépendance à l’économie mondiale, et nous considérons cet investissement comme un positionnement stratégique de long terme.

Au sein des obligations, nous avons relevé le poids en obligations d’État italiennes et espagnoles. Pour ce faire, nous avons pu utiliser le matelas de liquidités accumulé. La Banque centrale européenne a clairement indiqué qu’elle soutiendrait l’Italie et l’Espagne dans leur lutte contre la crise par le programme d’achats en obligations. Ainsi, ces deux pays peuvent continuer à emprunter à des taux réduits sur le marché monétaire.   

Lorsque nous tenons compte du différentiel des taux à long terme entre les États-Unis et l’Europe, nous nous attendons à ce que le dollar s’affaiblisse par rapport à l’euro. Pour limiter ce risque, 40 % de notre exposition au dollar a été couverte.

Nous maintenons suffisemment de liquidités en réserve pour pouvoir réinvestir lorsque la situation se stabilise. 

Conclusion

Tant que la propagation du Covid-19 se poursuit, les marchés resteront volatils. Les efforts que la banque centrale américaine et l’administration Trump fournissent ont un impact positif et aident à protéger l’activité économique. Le message essentiel reste dès lors : ne pas paniquer. La meilleure attitude pour l’investisseur est de rester dans le marché, avec un portefeuille d’investissement largement diversifié au niveau mondial. Dans ce flash, nous expliquions alors pourquoi. Dans nos fonds essentiels, nous maintenons un équilibre sain dans la gestion, en détenant d’une part, suffisamment d’instruments sous-jacents qui servent d’amortisseur lorsque les marchés deviennent plus turbulents. D’autre part, nous faisons aussi en sorte d’être positionnés de telle manière que nous puissions profiter d’un rebond qui interviendra tôt ou tard. Ceci est en effet au moins aussi important. En tant qu’investisseur, on ne peut obtenir le rendement moyen à long terme en actions que si l’on participe aux périodes de plus forte hausse, et elles se situent souvent juste à la suite d’une baisse importante. La confiance, et des nerfs d’acier, sont donc des prérequis en tant qu’investisseur.

Notre attention toute entière est portée vers la gestion attentive et professionnelle des avoirs de nos clients en toutes circonstances, et en particulier dans cet environnement exceptionnel que nous vivons actuellement.

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