La vigilance est de mise mais la tendance de fond est positive

18 septembre 2020

Matthieu De Coster, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Les deux dernières semaines ont été chargées en nouvelles sur le plan économique, politique et boursier. Une vague de ventes qui a débuté le 3 septembre a surtout visé les entreprises technologiques. Un contretemps est apparu dans le développement d’un vaccin le 8 septembre, rapidement suivi par des nouvelles plus rassurantes. Le conflit commercial entre la Chine et les États-Unis a connu quelques nouveaux chapitres. Entre-temps un nouveau premier ministre a été désigné au Japon en la personne de Yoshihide Suga. Mais notre attention se porte aussi et surtout sur les chiffres économiques sous-jacents. Ces derniers ont évolué favorablement ces dernières semaines. Compte tenu de l’ensemble de ces facteurs, nous conservons notre positionnement prudent, tout en modifiant certains accents au sein de la gestion.

Les développeurs de vaccin font la une des journaux

Ce mardi 8 septembre, AstraZeneca a annoncé une pause dans la phase 3 de l’examen clinique de son vaccin potentiel. Un des patients testés a en effet développé une maladie inexplicable. Des examens complémentaires ont été effectués pour vérifier s’il y avait un lien avec le vaccin en test. Ce genre de situation n’est pas du tout inhabituel lors du développement de médicaments, mais bien entendu tout le monde suit le développement des vaccins à la loupe pour le moment. Le même jour, 9 entreprises pharmaceutiques ont réitéré leur motto: « We stand with science ». Elles souhaitent ainsi rassurer sur le fait qu’elles ne contourneront pas les règles de sécurité traditionnelles sous une quelconque pression extérieure. Dès ce lundi AstraZeneca a pu reprendre ses tests, et Pfizer a rappelé par la voix de son CEO que ses résultats de phase 3 pouvaient être attendus pour fin octobre. Nous prenons cette nouvelle au sérieux car Pfizer ne peut courir le risque de mettre en jeu sa réputation sur ce sujet. La société a également décidé d’étendre le groupe testé de 30 000 à 44 000 personnes en y incluant de nombreuses personnes vulnérables. Elle a pris cette décision sur la base de ses résultats intermédiaires prometteurs. Dossier à suivre…

Ce genre de nouvelle positive liée à un vaccin potentiel est de nature à rendre vigueur à des secteurs fortement touchés comme le tourisme et l’événementiel. Selon nous il est cependant encore trop tôt pour envisager une réouverture de l’économie dans ces branches d’activité, car les vaccins doivent d’abord pouvoir être produits et distribués en grande quantité. Nous surveillons par contre les indicateurs économiques pour vérifier si les mesures de soutien et l’assouplissement des mesures de confinement peuvent déjà apporter des effets positifs.

Au sein des fonds essentiels :

Nous n’investissons pas de manière spécifique dans les développeurs de vaccins. Il existe en effet trop d’incertitudes quant à savoir à quel moment, de quelle manière et sous quelles conditions ces entreprises seront rémunérées pour leurs efforts. Nous suivons cependant de très près ces développements en raison de leur influence sur l’économie dans son ensemble. Une nouvelle positive autour d’un vaccin peut en effet donner un coup de fouet à l’économie « non numérique ».

L’arrière-fond économique s’améliore

Le soutien monétaire des autorités a conduit aux États-Unis, par exemple, à un doublement des nouvelles émissions obligataires. Les entreprises ont levé massivement des fonds pour financer leurs activités, et elles l’ont fait avec des échéances de remboursement de plus en plus longues. Ce moteur du crédit s’est également fortement renforcé en Chine, avec une croissance des prêts auprès des banques plus importante qu’attendu. En Europe, la croissance des crédits a dépassé 4 % pour la première fois depuis des années, et le marché hypothéquaire se redresse également.

Les chiffres du chômage ont baissé aux États-Unis, pour passer de 14,7 % à 8,4 %. Même s’il y a encore du chemin à faire, il s’agit d’un redressement impressionnant du marché de l’emploi. L’Europe et la Chine ont préféré éviter une trop forte augmentation du chômage en augmentant les subsides. Il est important de suivre ces différentes évolutions afin d’estimer le cadre futur des dépenses des consommateurs. Les autorités ont servi d’absorbeur de choc en augmentant leurs dépenses, mais ces interventions prendront fin à un certain moment. Le consommateur doit pouvoir alors prendre le relais.

Les enquêtes des directeurs d’achat (les indices ISM) pointent une expansion de l’économie, notamment grâce à la reconstitution des stocks dans les entreprises. Cela reflète une plus grande confiance dans l’avenir de la part des entrepreneurs.

Dans le même temps l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) a condamné l’imposition de tarifs par les États-Unis sur les importations en provenance de Chine. Ces tarifs vont en effet à l’encontre des règles du commerce international. L’OMC conseille aux deux parties en présence de conclure en concertation un accord commercial sans tarifs. Nous sommes d’avis que ceci aura pour le moment peu d’influence sur les rapports de force et l’économie mondiale. Les États-Unis semblent vouloir ignorer ce jugement. Les mesures prises par les Américains ne se sont jamais voulues « justes » mais plutôt des mesures de rétortion en réaction au vol de connaissances technologiques. Nous ne nous attendons en tous cas à aucun changement au niveau de ces relations tendues avant les élections américaines. La collaboration entre l’américain Oracle et le chinois Bytedance (TikTok) doit aussi être considéré dans ce contexte : un société américaine pourra par ce biais garder le contrôle sur les données concernant les utilisateurs américains.

Au sein des fonds essentiels :

Les attentes au niveau de l’économie n’étaient pas très élevées, mais elles ont néanmoins été dépassées. Nous traduisons ces chiffres favorables dans nos portefeuilles. Nous avons ainsi augmenté notre exposition aux entreprises cycliques en relevant légèrement le poids des actions européennes. L’Europe est une économie ouverte qui peut bénéficier d’un regain d’activité en Chine et aux États-Unis, mais aussi d’un budget élargi au niveau de l’Union européenne. Les investissements dans le secteur industriel ont également été augmentés. 

Les actions les plus « chaudes » prennent un coup de froid

Après des mois de hausse continue, les actions américaines de la technologie ont brutalement reculé. L’indice Nasdaq 100 est principalement constitué de valeurs technologiques et a chuté en une semaine d’environ 9 %. Quelques noms ronflants tels que Apple, Amazon et Tesla ont perdu respectivement 15 %, 12 % et 26 %. Nous ne pouvons pas dégager un élément fondamental particulier à l’origine de ce recul. Les fortes hausses que ces actions ont connues ces derniers mois étaient soutenues par leurs bons résultats et leurs perspectives favorables. Mais récemment cette progression des cours s’est auto-alimentée de manière systématique. Ce phénomène boursier bien connu s’appelle le « momentum » : une tendance positive attire de plus en plus d’investisseurs qui renforcent eux-mêmes cette tendance par leurs achats. Et quand la tendance s’inverse, cela peut conduire à des corrections courtes mais puissantes provoquées par l’enchaînement d’ordres de vente. C’est cette spirale d’auto-renforcement que nous avons vu brièvement à l’œuvre.

Datastream USA - MSCI World

Il est important de noter qu’Argenta Asset Management ne participe pas à ce genre de spéculation. À chaque moment, nous étudions le degré d’attractivité des entreprises et nous analysons le spectre complet de profitabilité, de croissance des bénéfices, de valorisation et d’autres paramètres mesurables. Une action qui a fortement progressé peut avoir sa place dans nos portefeuilles, si elle reste attractive au regard de ces paramètres. Nous avons effectivement ressenti ce recul généralisé du secteur technologique dans nos portefeuilles, car nous avons une surpondération dans ce secteur. Elle découle du positionnement stratégique dans nos thèmes de croissance de long terme, au sein desquels nous isolons les sociétés qui nous semblent présenter une valorisation intéressante au regard de leur potentiel. Les turbulences que nous observons actuellement sur les bourses sont la raison pour laquelle nous recevons à plus long terme une rémunération supplémentaire pour la détention d’actions. C’est justement parce que les bourses sont volatiles qu’une rémunération est nécessaire afin de convaincre les investisseurs.

Au sein des fonds essentiels :

C’est le moment adéquat dans les circonstances qui nous occupent pour remettre en perspective l’approche des fonds essentiels. Son portefeuille diversifié amortira toujours de tels « accidents » sur la bourse. Il permet une diversification des risques que nous connaissons mais aussi de ceux que nous ignorons, et qu’on appelle dans le monde financier les « cygnes noirs » (le COVID-19 répondait à cette description). La baisse correspondait aussi à nos attentes : les belles hausses de ces derniers mois étaient une invitation à prendre des bénéfices. Étant donné que l’on ne peut prévoir quand ces prises de bénéfices se produisent, le mieux est de rester investi en gardant à l’esprit un horizon de temps à long terme. Nous avons pris soin de ne pas tout concentrer dans les actions américaines de la technologie, même si elles sont très prometteuses. La baisse ne s’est pas propagée aux investissements en Europe et les marchés obligataires ont par ailleurs servi de filet de sécurité avec une baisse temporaire des taux d’intérêt. En conséquence le recul des compartiments des fonds essentiels a été bien plus limité qu’au sein des thèmes de croissance technologique comme la robotique ou la cybersécurité. Après la première réaction de peur, les investisseurs ont d’ailleurs retrouvé leur confiance et ont donné une interprétation positive à la majorité des signaux économiques observés.

Nous mettons également les investisseurs en garde contre les effets de mode. Un exemple : la société Nikola s’est profilée ces dernières années comme le grand challenger de Tesla. Nikola a l’ambition de faire rouler des camions à l’hydrogène, mais est maintenant soudainement accusée de fraude. Ces accusations ne sont pas prouvées, et pourtant le cours de bourse a plongé de plus de 50 %. Argenta Asset Management n’investit pas dans des sociétés comme Nikola et Tesla, mais beaucoup d’investisseurs particuliers jettent leur dévolu sur ces entreprises très médiatisées. Nous ne pouvons jamais suffisamment insister sur l’impératif de diversification dans un portefeuille.

L’allocation au sein de nos fonds essentiels

L’allocation entre les liquidités, les obligations et les actions sont le résultat de notre analyse macro-économique. Un élément essentiel est le surplus de rendement que nous attendons sur les actions par rapport aux investissements qualifiés de « sans risque ». Les primes de risque sont l’expression mathématique de ce surplus. La rémunération pour le risque pris se situe environ à sa moyenne historique. Nous considérons donc le niveau général actuel de valorisation de la bourse comme moyen. Le contexte économique est, comme nous l’avons indiqué, en train d’évoluer dans la bonne direction. Le soutien des banques centrales implique de plus une longue période de taux d’intérêt faibles. De cette manière, une hausse éventuelle des bénéfices des entreprises peut facilement se traduire par un progrès des marchés boursiers.

Marchés boursiers

Le futur est cependant marqué par des incertitudes au niveau politique. Les élections présidentielles américaines peuvent conduire à une dynamique différente entre la Chine et les États-Unis. Cela pourrait peser sur le sentiment boursier. Par ailleurs, les marchés ont progressé de manière forte et rapide, ce qui est toujours propice aux prises de bénéfices.

Pour ces raisons, nous sommes déjà, depuis un certain temps, positionnés de manière plus prudente en actions dans les différents compartiments des fonds essentiels. Ces dernières semaines nous avons pris à nouveau quelques bénéfices sur quelques positions en actions. Le compartiment obligataire joue toujours son rôle d'amortisseur de risques, mais notre très grande diversification nous permet également de prendre un peu plus de risque de crédit afin d'obtenir un rendement positif.

Conclusion

Nous avons vécu des semaines chahutées sur les bourses mais les fondamentaux n’ont pas changé. Et surtout, nous pouvons toujours compter sur le soutien pratiquement inconditionnel des banques centrales à l’économie. Divers signaux indiquent qu’elles sont en train de réussir leur mission. Les taux d’intérêt faibles donnent en effet de l’oxygène aux entreprises.

Investir signifie aussi encaisser des coups à court terme. L’avenir contient toujours des éléments négatifs qui peuvent se matérialiser sans qu’on ait pu les évaluer à l’avance. Nous utilisons notre allocation d’actifs et notre diversification sectorielle afin de montrer la plus grande résilience possible face à un événement négatif inattendu qui pourrait se produire.

Il est cependant plus valorisant encore de se focaliser sur les éléments positifs qui contribueront à produire des gains à long terme. C’est pourquoi nous misons sur les thèmes de croissance. Ces thèmes contiennent de nombreuses entreprises qui se distinguent par leur stratégie d’innovation dans des sujets comme la robotique, la cybersécurité et l’énergie renouvelable. Un mix entre cette focalisation et une bonne diversification, c’est cela les fonds essentiels.

Notre attention toute entière est portée vers la gestion attentive et professionnelle des avoirs de nos clients en toutes circonstances, et en particulier dans cet environnement exceptionnel que nous vivons actuellement.

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