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Retour sur un mois mouvementé
7 novembre 2025
L’IA détermine la direction de la bourse
Selon Mark Twain, octobre est un mois particulièrement dangereux pour investir en actions. « Et cela vaut tout autant pour septembre, novembre et les autres mois de l’année », ajoutait-il, non sans un savoureux sarcasme, dans un roman de 1894.
Malgré l’avertissement, octobre a poursuivi sa marche en avant. Le S&P 500, le Nasdaq technologique et l’indice actions de la zone euro ont inscrit de nouveaux records.
La vague d’investissements dans l’IA demeure le principal moteur des attentes de croissance en bourse. Malgré les troubles géopolitiques, ces investissements propulsent les marchés par à-coups. Leur scénario : une hausse de plus de 75 % des résultats des entreprises du secteur technologique américain au cours des 3 prochaines années. Ce bond serait tiré avant tout par le gain de productivité attendu des applications d’IA.
Ce scénario se traduit par des ratios cours/bénéfice historiquement élevés et des prix stratosphériques pour les entreprises liées, directement ou non, à l’IA. Au regard des bénéfices actuels, les actions du S&P 500 se négocient à des multiples bien supérieurs à leur moyenne de long terme.
Cela indique soit une valorisation extrême et onéreuse, soit des perspectives de croissance exceptionnelles. Il arrive qu’une interprétation prenne le dessus sur une autre. Cela se traduit par des vagues de hausse ou de baisse sur les marchés d’actions.
Mais si les perspectives positives se confirment, on dira qu’à ce stade ces entreprises étaient bradées. En attendant, au moindre doute, des corrections intermédiaires et marquées semblent inévitables. C’est ce qu’on a déjà observé ces derniers jours. Il ne faut pas forcément un déclencheur direct pour faire plonger les indices, avec en tête des chutes les valeurs les plus valorisées. Après une longue période boursière sous un soleil torride, le bois dont se chauffent les investisseurs est en effet prêt à s’embraser. Il suffit alors d’une allumette mal éteinte pour faire passer la cote du vert au rouge vif.
Ainsi, malgré d’excellents résultats, les actions d’entreprises comme Palantir sont parties en vrille. Auparavant, le mégagroupe Meta Platforms[1] (ex-Facebook) avait subi le même funeste sort. Les réactions à ces résultats, y compris chez Microsoft, montrent qu’une forte croissance du chiffre d’affaires et de lourds investissements en IA ne suffisent plus. Non, il faut désormais que ces groupes affichent des résultats tangibles des investissements colossaux qu’ils ont engagés ces dernières années pour bâtir les capacités IA. Apple, mais surtout Alphabet et Amazon, semblent déjà avoir une longueur d’avance dans ce processus. Les marchés les en ont récemment récompensées.
Graphique 1 : Évolution des cours après le « Jour de la libération » (02.04.2025)
Pour remettre ces revers en perspective : le Nasdaq a certes perdu quelques pourcents ces derniers jours, mais il gagne toujours plus de 30 % depuis le début du mois d’avril de cette année. Et ce, malgré les lourdes pertes qui ont suivi les annonces burlesques du « Jour de la liberté » dans la roseraie de la Maison-Blanche.
Les investisseurs sont pleinement conscients du danger que représentent les corrections brutales. Pourtant, le chant des sirènes — qui vantent avec force les opportunités de la nouvelle révolution industrielle — reste irrésistible. La croissance des bénéfices des entreprises technologiques sert de point d’appui en cas de turbulences sur les marchés boursiers. Le marché efface ainsi vite fait chaque repli.
Sur le trimestre écoulé, les résultats publiés ont nettement dépassé des attentes déjà très élevées. À ce jour, les entreprises américaines, dans leur grande majorité, ont communiqué leurs performances du 3e trimestre 2025. Dans plus de 80 % des cas, les bénéfices surpassent la croissance « à deux chiffres » initialement attendue, en moyenne de 8 %.
Les plus belles surprises viennent de la finance et des technos, très au-delà de leurs attentes. Les services publics et les biens de consommation ont également contribué de manière substantielle à la croissance trimestrielle globale.
Le contraste avec l’Europe est saisissant. Ici, seule une courte majorité d’entreprises affichent des bénéfices supérieurs à la croissance attendue de 4,3 %. Une progression due, pour l’essentiel, aux gains du secteur bancaire.
Géopolitique et inflation
Le mois écoulé a livré, çà et là, de bonnes nouvelles géopolitiques. Le conflit commercial sino-américain semble (provisoirement) s’apaiser, après que le dirigeant chinois a indiqué qu’il relâcherait sa mainmise sur des technologies américaines cruciales.
Il l’a fait en reportant d’un an (?) les mesures les plus restrictives sur les exportations de terres rares. La menace d’un assèchement futur n’en disparaît pas pour autant. Cela montre surtout à quel point les États-Unis peuvent être aisément mis sous pression lorsque la Chine brandit ses atouts.
La chute brutale des cours des mines de terres rares échappant au contrôle de la Chine, qui a suivi la suspension provisoire de l’interdiction d’exporter, semble donc quelque peu irréfléchie. Leur importance stratégique est majeure et devrait, à terme, raviver l’intérêt des investisseurs de long terme.
Côté inflation, les indices CPI américains ont aussi apporté de bonnes nouvelles. Ils ont été publiés avec beaucoup de retard en raison du « shutdown » des administrations américaines. L’inflation s’est orientée à la hausse, mais les augmentations de prix n’ont pas été aussi fortes qu’on le craignait.
La crainte initiale tenait à l’impact pressenti des hausses de droits de douane. Environ la moitié d’entre elles sont répercutées sur les consommateurs américains. Pourtant, les prix des biens et surtout des services produits localement ont baissé. De quoi neutraliser, pour une part étonnamment importante, la hausse des prix des biens importés. Mieux : une fois l’effet ponctuel des prix à l’import digéré, les anticipations d’inflation pointent vers une poursuite graduelle de la baisse de l’inflation à la consommation.
Graphique 2 : Évolution escomptée de l’inflation américaine au cours des prochaines années
Ces chiffres ont donné au président de la Fed une marge de manœuvre suffisante pour réduire à nouveau les taux directeurs. Selon nos derniers calculs, le potentiel de baisse se limite à 2 coups de canif additionnels de 0,25 % chacun, prévus en janvier et en juillet 2026.
Graphique 3 : Évolution attendue du taux directeur américain
La BCE, elle, s’accroche à des vues dogmatiques et datées des premières années 1960. Et elles étaient déjà contre-productives à l’époque. Résultat : le taux directeur européen reste malheureusement gelé à son niveau actuel. Qu’est-ce qui pourrait, dans ce contexte, provoquer un « dégel » bienvenu ? Une nouvelle baisse de l’inflation européenne (comme attendu) ou une équipe de pilotage mieux inspirée. De préférence avec plus de discernement et de courage, et un solide bagage en économie.
1 Abstraction faite d’un impôt exceptionnel substantiel
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