Le Brexit

La probabilité d'un Brexit sans accord est largement retombée en fin d'année. Un tel Brexit sans accord est justement le cas de figure tant redouté par les marchés financiers. Ne parvenant pas à obtenir l’approbation du parlement pour son accord avec l’Union européenne, Boris Johnson a appelé des élections anticipées, lesquelles ont eu lieu le 12 décembre dernier. Ces élections tournaient principalement autour du Brexit, les autres questions politiques étant reléguées à l’arrière-plan. L'affrontement entre conservateurs et travaillistes était au centre du débat. Jeremy Corbyn, le leader du parti travailliste, a promis un second référendum sur le Brexit s'il était élu. Ses chances de l’emporter étaient cependant estimées très maigres, l’homme suscitant la controverse même au sein de son propre camp à cause de ses idées d’extrême gauche. Boris Johnson a quant à lui promis de « get the Brexit done », s'attirant ainsi les voix de nombreux électeurs lassés de toute la saga autour du Brexit. 

Brexit ©Paresh Nath

Boris Johnson a remporté une victoire écrasante avec une majorité absolue, obtenant encore plus de voix que prévu. Si de nombreux citoyens britanniques n’approuvent pas sa politique, tout le monde s'accorde à dire qu’il représente la moins mauvaise des options. Johnson a promis de procéder au Brexit : avec la victoire des conservateurs, l’atteinte d’un accord est désormais une certitude, ou presque. Les marchés financiers ont réagi positivement, car il est communément admis qu’un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sera plus favorable à l’économie qu'un Brexit sans accord.

En Écosse, le Scottish National Party (SNP) a enregistré une remarquable victoire aux élections. L’Écosse souhaite rester membre de l’Union européenne, et il y a donc de fortes chances pour que le pays se sépare du Royaume-Uni après le Brexit. Boris Johnson ne l’entend toutefois pas de cette oreille. Cette problématique pourrait, elle aussi, s'éterniser.

En théorie, le Brexit aura lieu le 31 janvier, l’Union européenne allant selon toute probabilité approuver le lancement de la procédure de sortie. À compter de ce jour, de nouveaux accords devront être fixés entre l’Europe et le Royaume-Uni. Les négociations promettent d’être difficiles.

Johnson a promis à ses électeurs de ne plus demander de report, et entend parvenir à un accord d'ici la fin d'année. Le 31 décembre 2020 est donc l’actuelle échéance fixée pour la conclusion d'un accord définitif. Si un accord commercial n’est pas trouvé en temps voulu, le Royaume-Uni sera soumis aux règles standard de l’OMC, impliquant notamment des contrôles aux frontières et des droits de douane. Un tel scénario serait très pénalisant tant pour le Royaume-Uni que pour l’Union européenne, et ne différerait que peu d'un Brexit sans accord. Ce dernier n’est donc pas encore totalement exclu, même si sa probabilité est jugée faible. Le recours à un langage ferme par Johnson hérisse systématiquement le poil des marchés financiers. À supposer que le Premier ministre revienne sur ses dires, l'échéance ne peut désormais plus être reportée au-delà du 31 décembre 2022. La demande de report doit par ailleurs être formulée au plus tard fin juin 2020. Bref, la question de savoir quand et comment le Royaume-Uni sortira de l’Union européenne reste actuellement une inconnue.

 

Auteur: Argenta Asset Management-expert

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