Le marché des actions bat de nouveaux records grâce aux géants de la technologie

3 septembre 2020

Auteur: Xander Michielsen, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Soutenue par des chiffres économiques meilleurs qu’attendu, la bourse américaine a atteint un nouveau record historique sous l’impulsion des géants de la technologie. Les mesures simultanées de soutien d’une ampleur historique, provenant à la fois des banques centrales et des autorités publiques, prouvent une nouvelle fois leur utilité. La banque centrale américaine a accentué pour sa part son approche de souplesse en revoyant ses objectifs d’inflation, ce qui lui permettra de maintenir encore plus longtemps sa politique de taux bas. Dans le même temps, la perception grandit que la reprise prendra plus de temps qu’initialement espéré. L’évolution des nouveaux cas de COVID-19 est très divergente, mais il semble clair que les nouvelles contaminations se poursuivront encore un certain temps. Ces incertitudes toujours importantes combinées à des valorisations proches de la moyenne historique nous conduisent à maintenir un positionnement légèrement prudent.

L’économie au sens large est encore à la traîne

Les cours des actions des géants de la technologie ont poursuivi leur hausse spectaculaire ces dernières semaines. En conséquence, l’importance des ces entreprises au sein des indices boursiers américains s’est encore accentuée. Le COVID-19 a provoqué une accélération de la numérisation et de la consommation en ligne, mais d’autres secteurs restent à la traîne. Le fossé entre l’économie réelle et la bourse reste dès lors impressionnant. Depuis le début de cette année, le poids de ces géants de la technologie au sein de l’indice S&P500 est passé de 18 % à plus de 27 %. En d’autres termes : 6 des 500 plus grandes entreprises américaines comptent maintenant pour plus d’un quart des mouvements de cours sur la bourse américaine. Ce n’est pas un hasard s’il s’agit aussi des entreprises qui peuvent profiter actuellement de bénéfices en hausse grâce à la numérisation plus rapide et au nombre important d’individus qui, contraints ou non, passent aujourd’hui le plus clair de leur temps à la maison. Mais à côté de ces poids lourds de la technologie, il existe bien entendu encore beaucoup d’autres entreprises qui font partie intégrante de l’économie. Pour accomplir une reprise économique durable, il est important que les plus grandes sociétés technologiques ne soient pas les seules à prospérer, mais que le reste de l’économie puisse également se rétablir. 

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Plus de flexibilité de la part de la banque centrale américaine

Le président de la FED (la banque centrale américaine), Jérôme Powell, a annoncé dans son allocution que l’objectif d’inflation sera revu sur la base d’une moyenne. Cette approche est un point positif car la politique monétaire dépendra alors moins d’observations ponctuelles. Cette modification dans la politique donne à la banque centrale la possibilité de ne pas relever immédiatemment les taux lors d’une hausse de l’inflation. La FED pourra maintenant se permettre de laisser l’inflation dépasser la limite de 2 %. En effet, lorsque les taux sont relevés de manière trop brusque, le risque est de couper trop vite l’arrivée d’oxygène en faveur de l’économie qui s’affaiblit alors de nouveau. Par cette dernière décision, nous pouvons conclure que l’on maintiendra les taux à un niveau faible sur une plus longue période. Cela signifie une plus grande bouffée d’air pour les entreprises et l’économie, ce qui sera également favorable à la bourse.

Aujourd’hui nous ne voyons toujours pas de raisons qui pousseraient subitement l’inflation à la hausse. Le taux de chômage aux États-Unis est encore élevé. Par ailleurs l’économie est toujours en train de se rétablir et les consommateurs doivent retrouver confiance en celle-ci. En Europe le taux de chômage est plus faible, mais donne une image tronquée en raison de la subsidiation importante du travail sur le Vieux Continent. Il suffit de penser aux allocations pour chômage technique, grâce auxquelles une partie de la population a pu conserver son emploi. Ce filet de sécurité permet de maintenir un chiffre de chômage plus faible, mais cela ne signifie aucunement que le marché européen du travail peut déjà se rétablir par ses propres moyens. Nous restons toutefois vigilants, car à plus long terme un retour de l’inflation n’est certainement pas impensable en raison de la politique fiscale expensive menée à la fois par les autorités américaines et européennes en combinaison avec une reprise de l’économie.

L’évolution du COVID-19 se décline maintenant au niveau régional

En Europe, la pandémie de COVID-19 se répend à des vitesses variables dans les différentes régions. L’Espagne et la France en particulier ont connu ces dernières semaines une augmentation remarquable de nouveaux cas, tandis que la propagation du virus en Italie et en Allemagne semble être beaucoup mieux contrôlée. Une forte augmentation des infections est évidemment une mauvaise chose car elle force les autorités à réinstaurer des mesures de prévention dommageables pour l’économie.

Aux États-Unis, le nombre de nouveaux cas augmente toujours mais à un rythme plus faible que les semaines précédentes. Malgré cette évolution favorable, le nombre de nouvelles infections reste relativement élevé, ce qui nous amène à conclure que les États-Unis se trouvent toujours dans la première vague de la pandémie.

La recherche d’un vaccin se poursuit inlassablement. La confirmation d’un vaccin efficace engendrera sans nul doute une vague d’optimisme sur la bourse. La FDA (US Food and Drug Administration) permet de plus en plus d’exceptions au moyen de procédures d’urgence afin de pouvoir approuver plus rapidement un éventuel vaccin. On permettra donc dorénavant plus vite de tester de nouveaux médicaments sur des patients présentant par exemple des symptômes plus légers. Certaines phases de tests sont en l’occurence supprimées. Cela peut paraître une décision positive, mais peut aussi avoir des conséquences non négligeables sur la santé publique car les effets à long terme ne sont pas clairs.

Verenigde Staten: Aantal dagelijkse nieuwe COVID-19 cases

Etats-Unis: Nouveaux cas quotidiens de COVID-19.
Source: Worldometer

Spanje: Aantal dagelijkse nieuwe COVID-19 cases.

Espagne: Nouveaux cas quotidiens de COVID-19.
Source: Worldometer 

Quelles opérations avons-nous effectuées dans nos fonds essentiels ?

Nous avons maintenu notre allocation inchangée. La bourse a poursuivi sa progression grâce à l’évolution favorable d’indicateurs économiques tels que les chiffres des indices ISM (indice des directeurs d'achat). Malgré cette évolution positive, nous discernons toujours beaucoup d’incertitudes liées à la poursuite de la propagation du coronavirus, à la reprise précaire de l’économie, et à l’approche de élections présidentielles américaines. Dès lors l’allocation plus prudente en actions a été maintenue. 

Les mesures de soutien historiques en combinaison avec une accélération de la numérisation justifient le maintien d’un poids important dans le secteur technologique. Nous le réalisons de manière très diversifée car nous ne voulons pas être dépendants de la prestation de l’une ou l’autre entreprise. Cela a pour conséquence que nous avons une beaucoup moins grande concentration dans les actions des géants de la technologie par rapport au reste du marché.

Les thèmes de long terme se sont montrés particulièrement résilients et restent les fers de lance des fonds essentiels. Les entreprises acives dans la sécurité, la numérisation, la fintech ou la cleantech peuvent profiter de la situation de disruption actuelle. Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive. Nous avons pris des bénéfices limités au sein des thèmes de la sécurité et de la fintech sur quelques sociétés individuelles dont les cours avaient fortement progressé, et dont la valorisation était devenue par conséquent moins attractive. Les thèmes susmentionnés conservent leur importance dans les fonds essentiels.

En raison de la volatilité élevée et de la possibilité d’un affaiblissement supplémentaire du dollar américain, nous conservons une couverture d’un peu plus de 10 % de la position totale en dollars. Après la baisse spectaculaire des derniers mois cette couverture a été néanmoins fortement réduite. Elle a été en tous cas un facteur favorable dans les performances des fonds essentiels.

Conclusion

Les facteurs favorables et moins favorables à la prise de risque sur les marchés continuent de s’équilibrer. D’un côté, les soutiens monétaires et fiscaux au marché restent omniprésents et d’une ampleur inédite. Par contre, les incertitudes liées à l’évolution de la pandémie, à l’ampleur du rebond économique et aux perspectives changeantes des élections présidentielles aux États-Unis plaident pour une approche sainement diversifiée et légèrement prudente. Les fonds essentiels restent l’instrument idéal pour assurer cette diversification et pour appréhender toutes les facettes des risques et opportunités présent(e)s sur les marchés. Leur focalisation sur les thèmes d’avenir est en outre un atout non négligeable dont les investisseurs peuvent profiter.

Notre attention tout entière est portée vers la gestion attentive et professionnelle des avoirs de nos clients en toutes circonstances, et en particulier dans cet environnement exceptionnel que nous vivons actuellement.

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