The lady isn’t tapering

17 septembre 2021

Auteur: Xander Michielsen, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Les banques centrales américaine et européenne ont partagé leur vision économique et leur politique qui en découle pour le futur proche. Ces déclarations ont été suivies de très près par les marchés financiers. Les deux institutions maintiennent leur politique monétaire accommodante qui continuera à soutenir l'économie. Christine Lagarde a prononcé les mots : « The Lady isn’t tapering ». Cela a visiblement satisfait les marchés.

D'autre part, le variant delta a créé un frein temporaire à l'économie mondiale. Cela ne signifie cependant pas que le moteur de la croissance s'est arrêté, la plupart des signaux évoluent toujours favorablement. La reprise économique, l'augmentation de la couverture vaccinale combinée à la relance monétaire en cours devraient apporter un soutien suffisant aux marchés dans la période à venir.

Les banques centrales promettent de maintenir leur soutien à l’économie

Les banques centrales américaine et européenne ont expliqué dans le détail leur interprétation de l'environnement macroéconomique et les décisions y afférentes. Et il s’agit d’une mesure de valeur très importante pour les marchés financiers.

Le président de la Réserve Fédérale (FED) Jerome Powell lors de son allocution à Jackson Hole - 2021

Le président de la Réserve Fédérale (FED) Jerome Powell lors de son allocution à Jackson Hole - 2021

La Réserve fédérale a annoncé lors de la réunion de Jackson Hole, la grand-messe annuelle des banquiers centraux, qu'elle continuerait de soutenir l'économie américaine. Jerome Powell a déclaré que vers la fin de l'année, il pourrait être envisagé de réduire progressivement le programme d'achat d'actifs qui implique actuellement des achats massifs d'obligations pour soutenir la liquidité dans le système. Ce programme d'achat fournit de l'oxygène financier et crée un climat de financement favorable pour les entreprises. La Fed a posé la condition que la reprise économique se poursuive pour justifier cette réduction.

Tant que la trajectoire de la Fed est progressive et prévisible, elle donne confiance aux marchés financiers. La banque centrale américaine nous donne donc ici un signal important : il n'est pas question d'une hausse des taux d'intérêt cette année et cela rassure les marchés.

Deux aspects que la FED prend en compte sont l'inflation et le marché du travail. Les taux d'inflation élevés sont supposés être temporaires, compensant le ralentissement précédent. Par ailleurs, le marché du travail se redresse progressivement. La Fed veut s'assurer que ces tendances peuvent se poursuivre au même rythme.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, durant la réunion de septembre - 2021

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, durant la réunion de septembre - 2021

La Banque centrale européenne a également annoncé la poursuite de la politique expansionniste actuelle lors de sa réunion de septembre. Aussi bien le taux repo (le taux à court terme le plus important) que les programmes d'achats sont donc maintenus. La BCE constate une évolution favorable de la croissance économique, du marché du travail européen et de l'inflation. Les chiffres de l'inflation européenne continuent d'augmenter, mais cela n’a pas constitué une surprise et a été largement anticipé par les marchés financiers.

Cette inflation a certes été légèrement plus élevée que prévu et la BCE a ajusté les anticipations d'inflation à la hausse. Mais on continue de présumer que ces hausses de prix devraient être un phénomène temporaire. Les prix élevés de l'énergie, un déroulement anormal de la période des soldes et des mesures fiscales temporaires en Allemagne en sont la cause. Les pénuries du côté de l'offre entraînent également une pression supplémentaire sur les prix. Tous ces facteurs pourraient revenir à la normale dans la période à venir. La BCE n'est donc pas préoccupée par ces chiffres d'inflation et cela permet un maintien du soutien monétaire. L'Europe est quelque peu en retard sur les États-Unis en termes de croissance, mais le climat économique y évolue très favorablement.

Christine Lagarde a tout de même annoncé la réduction progressive du programme d’urgence d'achat d'obligations (PEPP). Cette injection de capital avait été créée pour faire face à la pandémie. Étant donné que l'urgence diminue petit à petit et que l'économie repart, il s’agit d’un choix logique. Cette décision a été largement anticipée par le marché. Cette réduction des nouveaux achats ne doit pas être considérée comme une réduction de la politique expansionniste, mais plutôt comme un ajustement mineur d'une mesure temporaire et exceptionnelle. Lagarde a prononcé à cette occasion les mots suivants pour souligner sa décision : « The Lady isn’t tapering ».

Il est tout de même important que les mesures de relance des banques centrales soient supprimées à un moment donné, car une politique trop clémente faussera le marché à long terme. Cela peut entraîner une augmentation systématique de l'inflation. Les banquiers centraux devront déterminer quand l'économie sera suffisamment forte pour mettre fin à leur politique expansionniste. Aujourd'hui, ce n'est pas encore le cas et les banques centrales préfèrent continuer à soutenir l'économie et les marchés financiers.

Une croissance qui ralentit mais se maintient à un rythme historiquement élevé

La croissance économique et les résultats d’entreprises associés semblent s'essouffler quelque peu. Le ralentissement du taux de croissance peut facilement être relativisé car son rythme reste élevé. Il ne serait pas sain de continuer à croître avec la même accélération que celle observée lors de la période précédente. Une croissance trop longue à un rythme trop rapide augmenterait le risque de surchauffe et conduirait à de fortes pressions inflationnistes, obligeant les banques centrales à pousser sur la pédale de frein sous forme de hausses rapides des taux. Ce serait très mauvais pour l'économie et les marchés financiers. Un équilibre sain entre la croissance économique et les politiques de la banque centrale est crucial. Les banques centrales ne sont que trop conscientes de l'impact de l'épuisement trop rapide de l'oxygène sur l'économie et agiront donc avec prudence. Une normalisation de la croissance économique est donc plus souhaitable et donne aux banques centrales la possibilité d'agir de manière prévisible.

Taux de vaccination Etats-Unis

Taux de vaccination Etats-Unis

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Conclusion

Nous restons toujours surpondérés en actions, même si quelques bénéfices ont été pris. La prime de risque des actions est encore suffisamment élevée aujourd'hui, malgré la hausse des cours. Les bons résultats d’entreprises combinés à la politique des banques centrales continuent à soutenir le marché boursier. Des choix actifs sont faits à la fois au sein des actions et des obligations. Les gérants privilégient l'approche thématique en combinaison avec la préférence pour la qualité, avec un complément spécifique de la partie obligataire. Cela nous permet de positionner au mieux Argenta Portfolio et d'éviter des investissements que nous considérons aujourd'hui comme moins intéressants.

Les investissements sont toujours réalisés dans le monde entier sur la base de portefeuilles diversifiés, par l’implémentation d’une gestion prudente et professionnelle. Nous répondons ainsi le plus efficacement possible au paysage économique et au monde de demain, au quotidien et en toutes circonstances.

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