Mise à jour : In­ves­tir n’est pas un sprint mais un ma­ra­thon, même en temps de co­ro­na­vi­rus

13 mars 2020

Auteur : Matthieu De Coster, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

La bourse, ces derniers jours

À court terme, les mesures mondiales visant à contrer la propagation du coronavirus, ont un impact majeur sur l’économie et les marchés financiers. Le secteur de l’aviation, les chaînes d’hôtels et les agences de voyage voient leur chiffre d’affaires s’effondrer immédiatement et vont probablement enregistrer de sérieuses pertes en 2020.

Les secteurs de l’énergie et des banques vont eux aussi subir bien plus que de simples égratignures. Le secteur de l’énergie, en raison d’un mauvais timing de l’offre et de la demande. La demande s’effondre en partie à cause des mesures relatives au coronavirus, et en même temps, les grands pays producteurs comme la Russie et l’Arabie saoudite n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les restrictions de production correspondantes. En ce qui concerne le secteur bancaire, les taux d’intérêts faibles sont un problème depuis longtemps déjà. Les nombreuses mesures monétaires annoncées par les banques centrales du monde entier, et que ces dernières prendront encore au cours des semaines à venir, ne feront que maintenir la faiblesse de ces taux. Ceux qui croient encore à une augmentation de la rémunération des comptes d’épargne dans les prochaines années, vont au-devant d’une sérieuse désillusion.

En outre, différentes entreprises industrielles voient leur production interrompue en raison de l’interdépendance des entreprises, et par une disponibilité moindre de la main d'œuvre.

La bonne nouvelle, c’est que depuis des semaines déjà, l’exposition de nos fonds essentiels aux entreprises actives dans ces secteurs, est quasi nulle. Cela ne s’exprime malheureusement pas encore suffisamment dans nos cours car de nombreux investisseurs en panique ne font pas de distinction lorsqu’il se séparent de leurs actions. Il s’agit cependant d’un phénomène temporaire, tout comme le coronavirus, qui ne durera que le temps que la raison sur le marché l’emporte à nouveau sur l’émotion. Chaque inconvénient ayant son avantage, nous voyons quand même ici et là, des opportunités d’achat très intéressantes.  

La bourse, ces dernières semaines en image

Comme nous venons de l’expliquer, les secteurs concernés cités ci-dessus ont subi des dommages. Le graphique ci-dessous nous montre la vitesse à laquelle cela s’est produit.

effect van het coronavirus op de beurzen

Rendement des indices ci-dessus depuis le 1-01-2020

Biotechnologie -21 %
Technologie -26 %
Actions mondiales (tout compris) -28 %
Industrie -29 %
Banques -31 %
Énergie -44 %

Secteur du tourisme et des voyages

-46 %

D’où va provenir le renversement de tendance d’après nous ?

De la conjonction entre, d’une part, la maîtrise ou le contrôle total du coronavirus, et d’autre part, une politique énergique et coordonnée des banques centrales et des instances gouvernementales du monde entier. Regardons ensemble où en est la situation actuelle. 

Politique énergique et coordonnée des banques centrales du monde entier

En raison de la paralysie de l’économie, nous faisons face d’une part, à un choc de l’offre, autrement dit, la production est réduite involontairement. Et d’autre part, à un choc de la demande, car les consommateurs et les entreprises dépensent beaucoup moins.

Des mesures fermes comme un lockdown, et une stimulation financière pour les entreprises, peuvent maintenir l’offre autant que possible. Grâce à la réduction des impôts et aux crédits meilleur marché, les entreprises gardent davantage de liquidités pour pouvoir continuer leurs activités. Un lockdown efficace permet, par la suite, de revenir plus rapidement à la pleine capacité de travail. 

La demande peut être stimulée par des mesures monétaires comme des réductions de taux d’intérêt, mais surtout, par des investissements des gouvernements eux-mêmes.

Où en sommes-nous actuellement sur le plan de la stimulation ?

  • En Europe :
    • La Banque centrale d’Angleterre a réduit ses taux d’intérêt
    • La Banque centrale européenne fournit des liquidités supplémentaires et soutient les banques
  • Aux États-Unis :
    • La Réserve Fédérale (= Banque centrale américaine) a déjà réduit ses taux d’intérêt de 50 points de base et d’autres baisses vont suivre.
    • Des liquidités supplémentaires ont été aussi injectées sur le marché : Le « Quantitative Easing » (= assouplissement de la politique monétaire) fait son retour.

Outre une politique monétaire énergique, il est temps que les gouvernements prennent leurs responsabilités. Par les temps qui courent, les intérêts économiques et sociaux priment sur les intérêts personnels et politiques. Les gouvernements ont en effet les armes les plus puissantes en mains. Aux États-Unis comme en Europe, nous voyons des signaux positifs ici aussi : 

  • Le Congrès américain travaille à un plan de relance. Démocrates comme Républicains sont favorables à ce stimulus.
  • Il semblerait que lundi prochain, la Commission européenne proposera aux ministres des finances de briser les règles du pacte de stabilité (avec mécanismes de contrôle au niveau maximum de la dette) pour 2020. 

Ces signaux indiquent donc que les gouvernements vont dépenser davantage. Mercredi dernier, l’Italie a adopté un décret qui pourrait fournir jusqu’à 25 milliards d’euros pour soutenir les soins de santé et l’économie. En fonction de la source de ces fonds, cela peut l’amener au-delà des 3 % symboliques de déficit budgétaire. C’est l’occasion rêvée pour faire tomber ce tabou. Le soutien public de Ursula von der Leyen (présidente de la Commission européenne) à l’Italie semble montrer la volonté de resserrer les rangs et de briser les règles budgétaires strictes.

La maîtrise du coronavirus

Jusqu’à présent, les marchés n’ont pas été impressionnés par les mesures de stimulation de ces derniers jours et de ces dernières heures. Après tout, que peuvent faire des taux d'intérêt et des liquidités supplémentaires contre la propagation d’un virus ? Il semble que seul l'affaiblissement de la propagation du virus pourra calmer les esprits et ramener les gens à la raison. On regarde au jour le jour, et les médias en tous genres diffusent suffisamment de nouvelles dramatiques concernant le coronavirus pour permette aux esprits de s’enflammer à nouveau.

Il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre ce que nous avons entre-temps vu en Chine, c’est-à-dire une diminution du nombre des nouvelles contaminations. Mercredi, seules 8 nouvelles contaminations sont apparues dans la province chinoise de Hubei, qui, il n’y a pas si longtemps, représentait encore le foyer du virus. En Italie aussi, on voit une amélioration. La province de Lodi, la première province à subir le « lockdown » et où se trouve le désormais tristement célèbre village de Codogna, on voit le nombre de nouvelles contaminations diminuer. Ces constatations sont encourageantes. Mais nous n’y sommes pas encore. De nombreux pays européens sont, selon des virologues renommés, en retard d’une dizaine de jours sur l’Italie. Et les États-Unis restent pour le moment un point d’interrogation. 

En résumé

Le résumé qui date d’il y a quelques jours reste d’actualité, mais nous y ajoutons quelques notes positives. À un certain moment, le monde aura changé à nouveau et les émotions négatives pourront se transformer entièrement en optimisme. Dans ce cas, tout peut également aller très vite. Dans un contexte d’incitants financiers, avec une diminution du nombre de nouveaux cas de coronavirus, une reprise des activités économiques et tout cela dans une période de taux structurellement bas.

En raison de l’intensité de la correction des dernières semaines et du fait que quasiment tout est vendu sur le marché dans une réaction de panique, nos fonds essentiels ne sont pas non plus immunisés contre ce qui se passe sur le marché financier. Nous restons cependant convaincus que nous nous trouvons dans une bonne position pour pouvoir offrir à votre épargne un beau rendement qui correspond au profil de risque. Une règle d’or qui reste valable pour tous les investisseurs : les investissements ne sont pas un sprint mais un marathon.

Nous misons pleinement sur une gestion bienveillante et professionnelle des investissements de nos clients. Chaque jour et en toutes circonstances, et surtout dans la situation exceptionnelle à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui.

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