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5 juin 2025
Les marchés financiers continuent d’être perturbés, à en perdre patience, par les actions imprévisibles et les réactions impulsives du président américain. Ses décisions semblent manquer de logique, car elles nuisent avant tout à sa propre économie. Ce mélange hétéroclite de caprices provoque des rebondissements inattendus, rendant les mouvements de marché imprévisibles et générant une incertitude inutile.
Nous savons désormais que tout cela relève de la politique de négociation. Pourtant, quand Wall Street qualifie cette stratégie de manière moqueuse par l’acronyme TACO (« Trump Always Chickens Out »), cela pique au vif l’hôte de la Maison-Blanche, le poussant à prendre des mesures pour prouver le contraire.
Qui sera le bouc émissaire ?
CLa Chine a mis les États-Unis en difficulté en élargissant l’interdiction d’exportation de métaux rares, touchant ainsi le cœur de l’innovation technologique américaine. Après cette nouvelle défaite humiliante dans le conflit commercial avec la Chine, l’administration Trump cherche désespérément un adversaire plus facile pour démentir son sobriquet TACO. Les cibles les plus évidentes pour les représailles américaines sont les tarifs d’importation sur l’acier et l’aluminium, ainsi que les relations commerciales avec l’UE.
S’agissant des tarifs sur l’acier et l’aluminium, Trump dispose d’une base juridique un peu plus solide[1]. Il peut envoyer un signal symbolique fort à sa base, la classe moyenne délaissée. Une population qui est confrontée quotidiennement à l’écart croissant de richesse aux États-Unis. Elle avale facilement l’idée caricaturale que leurs emplois, leurs revenus et l’avenir de leurs enfants sont volés par des étrangers. Et ces derniers ont encore le culot d’imposer leurs opinions ultra-gauchistes sur des questions morales.
Ce discours passe comme une lettre à la poste. Que cela soit faux n’a aucune importance. Il y a 150 ans, Mark Twain avait déjà compris l’art de captiver un large public avec une bonne histoire. « Never let the truth get in the way of good story. » [2]
L’industrie sidérurgique aux États-Unis ne représente que 0,3 % des emplois. Il deviendra vite évident que protéger cette industrie entraîne un coût élevé pour les autres secteurs industriels. Des études portant sur des conflits commerciaux antérieurs montrent qu’il en coûte 900.000 dollars au contribuable américain pour sauver un emploi dans l’acier, et que cela détruit bien plus d’emplois dans d’autres secteurs industriels.
Face à l’UE, le président américain peut également se montrer plus ferme. Mais il y a peu à gagner. L’Europe affiche un excédent commercial très limité avec les États-Unis en termes de biens, et un excédent substantiel du côté américain pour les services. Là encore, Trump risque de se tirer une balle dans le pied, ce qui n’est pas très grave, mais l’est bien plus pour son pays. Avec un peu d’habileté, les négociateurs européens pourraient donc trouver un compromis.
Cependant, un point de discorde persiste : les différences de taux de TVA. L’UE applique en effet un taux bien plus élevé que les États-Unis. Si cette taxe européenne s’applique à tous les produits et services, importés ou non, il n’en reste pas moins que l’UE s’enrichit davantage avec la TVA sur les importations américaines que l’inverse. Cela pourrait motiver l’instauration d’un tarif général de 10 % (ou plus) sur les importations européennes.
Nouveau déficit commercial record
Graphique 1 : La spirale dramatique du déficit commercial américain

Entre-temps, le déficit commercial des États-Unis continue de se creuser, et la situation devient de plus en plus préoccupante. Les États-Unis sont en grande partie dépendants des biens importés parce que leur production nationale est insuffisante pour satisfaire leur demande intérieure. Cette dépendance n’est pas nécessairement négative, car elle permet de maintenir l’inflation à un niveau bas et relativement stable. Ce qui stimule, à son tour, la croissance économique grâce à des taux d’intérêt relativement faibles.
Cependant, l’anticipation des hausses tarifaires a accéléré les importations, et la dépréciation du dollar n’a fait qu’aggraver le déficit commercial. Les économistes appellent cela l’effet de la courbe en J. Une solution simpliste serait de laisser le dollar se déprécier pour inverser le déficit, mais cela ne ferait qu’empirer la situation, comme l’histoire nous l’a montré. Ce serait tout aussi bête.
Les marchés financiers se portent (plus que) bien
Malgré toute cette fureur imprégnée de grande incertitude, les bourses font preuve d’une résilience remarquable. On pourrait s’attendre à ce que les marchés financiers soient en difficulté, attendant un geste de clémence du président américain.
Mais c’est tout le contraire. Après le plongeon inévitable du 2 avril, provoqué par la scène burlesque dans la roseraie de la Maison-Blanche, la plupart des indices boursiers américains ont réussi à se redresser par leurs seules forces intrinsèques. Les excellents résultats des entreprises et une inflation plus faible que prévu ont suffi à compenser les effets négatifs.
Cependant, deux points critiques méritent d’être soulignés.
Premièrement, ce rebond des bourses américaines ne tient que si l’on ignore la récente chute du dollar. La dépréciation du billet vert s’explique principalement par la dérive budgétaire attendue et l’affaiblissement fondamental de la monnaie américaine induit par cette détérioration des finances publiques des États-Unis[3].
Deuxièmement, ce comportement audacieux des marchés suggère que la désescalade du conflit commercial est perçue comme le scénario le plus probable. C’est un pari courageux mais risqué. Car le conflit pourrait s’intensifier avant qu’une paix commerciale ne soit envisageable. Les investisseurs doivent donc se préparer à des sursauts de volatilité et à des coups de bambou passagers. Sur les marchés financiers, le terrain de jeu est réservé pour le moment aux investisseurs qui ont le pied marin.
Quant aux bourses européennes, elles semblent peu affectées par les caprices despotiques des États-Unis. Mais cette apparente stabilité est trompeuse. Les indices européens sont portés à bout de bras par la performance exceptionnelle des banques commerciales et de l’industrie de la défense. Cette dernière est compréhensible, compte tenu des intentions d’augmenter significativement les dépenses militaires. Dans le sillage des entreprises de défense (pensez à Rheinmetall, Renk Group, BAE-systems, Thales, Leonardo ou Rolls-Royce), certaines entreprises industrielles européennes, longtemps endormies, commencent à se réveiller. Mais d’autres secteurs performent nettement moins bien.
Graphique 2 : Évolution des marchés d’actions depuis le 1er janvier 2025

Les performances solides des banques européennes s’expliquent largement par la large marge entre les taux interbancaires et les intérêts sur les dépôts d’épargne. Bien que la baisse anticipée du taux directeur de la BCE ait réduit cette marge, l’incertitude géopolitique croissante a provoqué un afflux inattendu de dépôts d’épargne. Ainsi, la diminution de la marge financière est largement compensée par l’augmentation des volumes. Du moins pour l’instant.
Depuis le début de l’année, les performances boursières varient considérablement entre les pays et les secteurs, avec un tournant notable autour du 1er mai. En termes de comparaison géographique (mesurée en euros), l’Espagne (+28,1 %), l’Italie (+19,5 %) et l’Allemagne (+19 %) se démarquent depuis le début de 2025. En Espagne, le poids des banques commerciales traditionnelles dans l’indice boursier explique cette performance, tandis qu’en Allemagne, c’est l’accent industriel et lié à la défense qui prédomine. L’indice italien, lui, profite des deux tendances. À l’inverse, la Turquie (-21,4 %), le Danemark (-13,6 %, avec Vestas et Novo Nordisk traversant une période difficile) et les États-Unis (-11,4 %, principalement en raison de la baisse du dollar) affichent les pires performances boursières.
Cependant, en monnaie locale, les indices return américains s’en sortent beaucoup mieux. Exprimés en dollars, le NASDAQ et l’indice S&P affichent même un return positif depuis le début de l’année. Depuis le 1er mai, le Danemark a réussi à récupérer une partie de ses pertes, tandis que l’Italie et l’Espagne maintiennent leurs positions solides.
Aux États-Unis, depuis le début de l’année, les services publics de gestion de l’eau surprennent avec une performance robuste (+10 % en USD), tandis que le secteur du matériel technologique traîne en queue de peloton (-18,8 %). Mais dès le 1er mai 2025, les entreprises technologiques ont repris du poil de la bête, avec une croissance à deux chiffres pour les semi-conducteurs (+19,3 %) et le secteur des logiciels (+10,6 %).
En Europe, l’année 2025 est jusqu’à présent particulièrement fructueuse pour les entreprises de défense (+45,5 %) et les banques commerciales (+30,9 %). En revanche, la biotechnologie européenne affiche une baisse notable de 13,8 %.
La date butoir pour conclure des accords commerciaux entre les États-Unis et l’Europe est fixée en juillet. Ce moment approche donc à grands pas. Nous devons ainsi nous préparer à une volatilité accrue, mais aussi à du sang, de la sueur et des larmes sur les champs de bataille boursiers. Attachez vos ceintures et ne paniquez surtout pas.
[1] Dans le monde de l’acier et de l’aluminium, on aime souvent brandir la carte de la sécurité nationale. Pourtant, le Canada, principal fournisseur de ces matériaux, est bien loin d’être une menace.
[2] Tout comme pour ces trois grands maîtres de la citation que sont Bonaparte, Einstein et Churchill, on peut se demander si Marc Twain a vraiment prononcé les mots qu’on lui attribue. Mais, dans le contexte qui nous occupe, je préfère une autre phrase célèbre de ce grand auteur américain : « The truth is the butter, please pass me the salt. »
[3] Si l’irresponsable trajectoire budgétaire du « Big Beautiful Bill » voit le jour, les initiales de cette allitération pourraient bien correspondre bientôt à la note de crédit de la dette publique américaine.
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