- Votre choix linguistique sera sauvegardé.
- Votre agence sera enregistré.
- Votre session est sécurisée.
- Vous verrez la version standard de notre site web. Le contenu n'est pas adapté à vos préférences.
Trump face aux juges
6 juin 2025
Auteur: Vincent Coppée, gestionnaire de fonds chez Argenta Asset Management

Le mois de mai a de nouveau apporté son lot de surprises et nouvelles sensationnelles. Et Donald Trump a continué à monopoliser l’attention des marchés par ses incessants virages à 180 degrés. L’appareil judiciaire américain met également de plus en plus souvent des bâtons dans les roues de l’administration Trump. Et la politique tarifaire n’y échappe pas.
1. Que s’est-il passé dans le monde ?
2. Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?
3. Quelles sont les implications pour les fonds essentiels ?
Que s’est-il passé dans le monde ?
- Les divers reports décidés par Trump tout au long d’avril et mai ont convaincu les investisseurs que le président américain ployait sous la pression des marchés, même s’il affirmait le contraire. Wall Street parle maintenant du « TACO Trade » : Trump Always Chickens Out.
- Depuis début avril, les attentes de bénéfices des entreprises sont en léger recul notamment aux États-Unis. Elles progressent cependant toujours en Europe.
- Il y a un regain d’optimisme des investisseurs, qui n’est pas suivi par une réaccélération des bénéfices des sociétés.
- Ces dernières restent d’ailleurs pour la plupart très prudentes dans leurs prévisions pour le reste de l’année car l’incertitude reste grande sur l’évolution de la guerre commerciale.
- La banque centrale américaine a maintenu son taux directeur inchangé lors de son dernier meeting.
- La tactique de Donald Trump dans grand nombre de ses décisions a suivi chaque fois le même procédé. C’est aussi le cas pour les tarifs douaniers réciproques : Trump a évoqué une « situation d’urgence » pour les justifier. Mais les juges américains bloquent de plus en plus souvent ces décisions. Tout cela finira probablement devant la Cour Suprême.
- La conséquence de ces va-et-vient devant les tribunaux est que les investisseurs, les entreprises et les consommateurs ne savent toujours pas sur quel pied danser.
- Ajoutons à cela les négociations difficiles autour du méga-décret de réduction des taxes, le plafond de la dette qui va de nouveau être bientôt atteint et la date butoir du 9 juillet qui pourrait réinstaurer pour de nombreux pays les taux de tarifs maximum faute d’accord. Voici un cocktail potentiellement explosif pour cet été.
- Trump pourra néanmoins se targuer de voir au moins un chiffre économique aller dans son sens : à la suite de l’imposition des droits de douane réciproques, les importations de biens aux États-Unis ont chuté de 20 % en avril, provoquant une forte réduction du déficit commercial.
- Les derniers chiffres des indicateurs PMI
faiblissent pratiquement partout : au Japon, en Europe, en Chine et aux États-Unis (pour ces deux derniers nous chutons même sous la barre de 50). Une exception notable : l’Inde.
- En avril, la confiance des consommateurs aux États Unis s’est effondrée au même niveau que celui atteint lors de l’apparition du Covid en 2020. Les ventes au détail, qui représentent la consommation réelle des ménages, ont pourtant continué à progresser. Il sera intéressant de voir si les prochains mois verront un impact plus important sur la consommation.
Comment les marchés financiers ont-ils réagi ?
- Les bourses mondiales ont effacé les pertes depuis début avril, à l’exception de la Chine.
- Le marché européen reste le plus performant.
- Ce retour en force des actions a ramené les valorisations à leur point de départ de fin mars.
- Les investisseurs en obligations se montrent toujours hésitants sur la marche à suivre. D’un côté les derniers chiffres d’inflation ont montré une tendance favorable, en se rapprochant du seuil des 2 %. Mais d’un autre côté, tout le monde a conscience que les effets de la guerre tarifaire doivent encore se manifester.
- L’effet de la baisse du dollar se fait clairement sentir quand on regarde les cours des obligations américaines libellées en euros.

Ce graphique montre que les marchés boursiers – à l'exception de la Chine – se sont redressés depuis les annonces de Trump en matière de tarifs douaniers début avril.
Quelles sont les implications pour les fonds essentiels ?
A. L’incertitude reste grande sur les marchés financiers alors que la guerre tarifaire évolue de jour en jour en fonction des accords (et de leur violation), des réactions judiciaires et de l’humeur du président américain.
B. Les entreprises adoptent une attitude attentiste qui pourrait nuire aux plans d’investissement. Les consommateurs vivent dans l’appréhension de hausses de prix dans les prochains mois.
- Pour toutes ces raisons, nous maintenons une légère sous-pondération en actions dans nos portefeuilles. L’allocation en obligations est légèrement plus importante qu’en actions. Les rendements offerts par la poche obligataire constituent en effet une alternative intéressante.
- Une réserve de trésorerie
est conservée pour pouvoir rapidement profiter d’éventuelles opportunités dans cet environnement mouvant.
Actions
- Au sein des actions, nous avons poursuivi la réduction de notre exposition aux États-Unis en profitant du rebond des dernières semaines. La politique tarifaire agressive de Donald Trump risque paradoxalement de nuire le plus aux entreprises américaines.
- Nous avons réorienté ces allègements essentiellement vers l’Inde.
- En Europe, nous maintenons un poids relativement important. Nous avons cependant allégé les positions en actions des petites et moyennes entreprises, après leur très belle performance depuis le début de l’année.
- Le secteur technologique reste le secteur le plus important au sein des actions en portefeuille. Ce secteur est politiquement sensible, mais connaît un taux de croissance élevé. Aujourd’hui, cette croissance est principalement tirée par les développements de l’intelligence artificielle.
Obligations
- La position en obligations d’État norvégiennes, que nous avions ajoutée de manière opportuniste au début d’avril, a été légèrement réduite suite au renforcement de la couronne norvégienne. Le produit de la vente a été réinvesti en obligations d’état européennes et américaines.
- Au sein des obligations des marchés émergents, un changement a été opéré vers des positions légèrement plus conservatrices. La politique tarifaire américaine pourrait en effet avoir des conséquences majeures pour les pays à économie ouverte
, que l’on retrouve souvent au sein des pays émergents.
- Nous conservons toujours une position assez importante en obligations d’état américaines, mais couplée avec une protection partielle contre un affaiblissement du dollar.
Conclusion
Le degré d’incertitude reste élevé, tant sur le plan économique que sur les marchés. Diverses échéances importantes approchent aux États-Unis : la fin de la suspension temporaire des tarifs, les négociations sur le décret de réduction des impôts et sur le plafond de la dette. Toutes ces problématiques peuvent avoir un effet important à la fois sur les marchés boursiers et obligataires. Le caractère imprévisible et volatil du président américain augmente encore cette atmosphère d’incertitude.
C’est pourquoi nous conservons une attitude relativement prudente, en particulier dans les titres les plus sensibles au contexte actuel tels que les actions américaines. Une grande diversification tant au niveau géographique que sectoriel est également souhaitable. Ceci s’applique aussi aux obligations, où nous continuons à viser un équilibre adéquat entre rendement courant et maîtrise des risques.
Lire plus
-
Tarifs, tweets et turbulences
9 mai 2025Le mandat présidentiel de Trump a atteint les 100 jours et l’homme continue d'étonner ses amis comme ses ennemis. Le mois d’avril a commencé de manière particulièrement chaotique. Les actions comme les obligations ont connu d’énormes fluctuations. L'incertitude sur les marchés demeure en raison de la politique erratique de Trump.
-
Rapport trimestriel Q1 2025 : Pesanteur
11 avril 2025Le bon début de l’année 2025 a été hypothéqué par la rhétorique de la « Team Trump » : des réformes majeures sont planifiées, mais leur mise en œuvre ne se déroule pas sans heurts. De nombreux obstacles juridiques et pratiques créent un climat d’incertitude sur les marchés. Et c’était avant le démarrage de la guerre commerciale.
-
Un printemps sino-européen ?
7 mars 2025Depuis le début de l’année, les bourses mondiales sont dominées par un nouveau leadership, qui s’est répété durant le mois de février : l’Europe et la Chine. Les actions américaines sont hésitantes, et l’Inde est sous pression.