La kermesse boursière dans son contexte macro-économique

Les mois d'été sont généralement caractérisés par des volumes moindres sur les bourses. Les mouvements doivent donc parfois être interprétés avec une certaine prudence. Alors que le mois de juillet avait déjà provoqué un revirement, cette tendance positive a pu dans un premier temps se poursuivre sur les marchés d’actions en août. Compte tenu du contexte difficile dans lequel se trouve l'économie mondiale, il s'agit d'un changement important à tous points de vue et il doit être interprété avec un degré suffisant de suspiscion.

Graphique 1 et tableau : solide performance boursière du début juillet au 18 août 
 

Graphique 1: Solide performance boursière du début juillet au 18 août
Date 30-06 -18-08 en Euro en USD
MSCI WORLD 14,6% 11,0%
MSCI EUROPE 8,1% 4,5%
MSCI USA 17,1% 13,5%

La situation macroéconomique aux États-Unis

L'économie américaine ralentit clairement par rapport aux taux de croissance historiquement élevés de 2021, qui étaient le résultat de la reprise de l'économie après la récession liée à la pandémie. Bien que les dernières données économiques aient montré une image moins favorable, le marché du travail demeure très vigoureux, mais il est clairement déséquilibré : la demande de travailleurs dépasse largement l'offre de main-d'œuvre disponible. L'inflation élevée a continué de se propager dans l'économie et les chiffres légèrement inférieurs des hausses de prix aux États-Unis au cours des mois d'été ne sont pas de nature à suggérer que l'inflation est enfin maîtrisée.

Graphique 2 : L'inflation américaine baisse mais reste à un niveau très élevé
 

Graphique 2 : L'inflation américaine baisse mais reste à un niveau très élevé

La situation macroéconomique en Europe

L’inflation de base aussi sous pression

Ici en Europe, nous traversons une grave crise énergétique et les prochains mois d'hiver semblent être le test ultime. Les entreprises et les ménages craignent les conséquences de la flambée des prix de l'énergie et l'impact sur la confiance est préoccupant. C'est pourquoi il est très important d'intervenir maintenant par le biais d'un plan d'action européen coordonné. Les analystes de marché font déjà la comparaison avec la grande crise financière (faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en 2008).

La gravité de la situation s'est confirmée ces derniers jours avec des mesures de renflouement en Suède, en Autriche, en Finlande et en Suisse : les fournisseurs d'énergie sont confrontés à des problèmes de liquidité en raison de l'augmentation rapide des coûts des intrants. Ceux-ci augmentent plus vite que ce qui peut être répercuté sur les clients qui sont souvent liés à des contrats à plus long terme, dont le prix ne fluctue pas immédiatement. Les plateformes de trading d'énergie ont également mis en garde contre une augmentation du stress financier, et ce via les marchés dérivés où des garanties plus importantes sont requises pour les risques croissants. Les petits acteurs locaux, souvent aussi fortement dépendants du gaz russe, rencontrent des difficultés et ne peuvent plus garantir l'approvisionnement en gaz.

Et maintenant que l'approvisionnement en gaz russe via Nordstream-I a également été interrompu, nous semblons nous diriger vers une intervention paneuropéenne robuste dans laquelle les gouvernements assumeront une partie des coûts. Seul son étalement dans le temps, qui représentera probablement un coût énorme, peut, selon nous, calmer les esprits sur les marchés financiers.

Graphique 3 : Le prix du gaz européen tel que défini par « Natural Gas TTF NL -1st future day »
 

Graphique 3 :Le prix du gaz européen tel que défini par « Natural Gas TTF NL -1st future day »

Enkele 'realitychecks' voor de financiële markten

La courbe des taux

Nous préférons donc regarder au-delà des apparences plutôt que de participer à l'optimisme aveugle. Dans notre précédente édition, nous faisions référence aux marchés obligataires et à la courbe des taux : la courbe des taux aux États-Unis est toujours inversée. Cela signifie que le rendement des obligations à 10 ans est désormais inférieur au rendement à 2 ans (voir graphique ci-dessous).

Graphique 4 : La courbe des taux aux États-Unis : les taux d'intérêt à long terme sont inférieurs aux taux à court terme

Graphique 4 : La courbe des taux aux États-Unis : les taux d'intérêt à long terme sont inférieurs aux taux à court terme

Cela reste un indicateur indéniable signalant des temps difficiles et souvent une récession.

 

Les différentiels de rendements obligataires

Nous surveillons également les forces internes du marché obligataire. Pour cela, nous utilisons par exemple l'indicateur d'écart de rendement : cet indicateur décrit la différence de rendement des obligations de haute qualité par rapport aux obligations à haut rendement. Ces dernières sont souvent considérés comme de qualité inférieure pour lesquelles les investisseurs exigent un taux d'intérêt plus élevé. Dans des environnements économiques qui se détériorent, les investisseurs verront un plus grand risque pour ce groupe d'obligations et exigeront donc des taux d'intérêt plus élevés. Ces différentiels de taux d'intérêt croissants indiquent une tension de plus en plus importante qui s'infiltre de l'économie vers les marchés financiers.

Graphique 5: Obligations américaines avec notation BBB – Bons du Trésor à 10 ans

Graphique 5: Obligations américaines avec notation BBB – Bons du Trésor à 10 ans

La tendance est clairement à la hausse, indiquant un stress croissant. Si nous comparons cela avec 2020, lorsque l'épidémie de Covid a assommé les marchés, nous sommes déjà à mi-chemin de la hausse de l’époque. En Europe, ce niveau de stress élevé est déjà presque atteint.

 

Grafiek 5: Amerikaanse obligaties met BBB rating - Treasury 10 year

Les marchés obligataires sont souvent en désaccord avec les marchés boursiers et ils ont le plus souvent raison.

Lire plus

  • Les trois leçons de Jackson Hole

    La recherche d'informations est souvent moins évidente pendant les mois d'été, en particulier en août, traditionnellement un mois où il y a moins de nouvelles à découvrir lorsque la plupart d'entre nous profitent de vacances bien méritées ou essaient de vivre des moments de qualité sans soucis avec famille et amis. Cependant, une réunion est attendue avec impatience pour orienter la politique américaine en matière de taux d'intérêt. C'est le symposium de Jackson Hole.

  • Resserrement quantitatif

    Ce dont on parle moins en ce moment, c'est du programme de resserrement quantitatif de la Banque centrale américaine, qui entre dans une nouvelle phase. À partir de septembre, la Fed réduira ses avoirs en titres de 95 milliards de dollars par mois. Il s'agit d'un désengagement nettement plus rapide (jusqu'à cinq fois plus rapide) que ce que nous avons vu depuis le début du programme en juin.

  • Notre positionnement dans les fonds essentiels

    Nous avions réduit notre poids en actions. Les craintes d'une récession économique sont toujours fortes et rien ne garantit que nous éviterons une récession des bénéfices des entreprises. Dans le même temps, la hausse des cours boursiers a de nouveau rendu le marché des actions plus cher. Par conséquent, dans le contexte de ce qui a été écrit ci-dessus, à la fin du mois d'août, nous avons procédé à une deuxième réduction.